Introduit en France en 2017, le coliving s’impose progressivement comme la nouvelle tendance du logement urbain. En plein développement dans les grandes métropoles européennes, ce mode d’habitat hybride et communautaire est souvent présenté comme une « colocation 2.0 ». Plébiscité par les Millennials, férus de partage, il séduit également un public en transition : divorcés, professionnels en mission ou jeunes retraités. Le concept repose sur une formule clé en main, combinant hébergement individuel et vie collective structurée. Le coliving incarne-t-il un nouveau modèle résidentiel ? Éléments de réponse à travers l’exploration de ce phénomène et de ses principaux atouts et limites.
Coliving : une nouvelle manière d’habiter la ville
Le coliving, contraction des mots anglais co (ensemble) et living (vivre), désigne un mode de vie contemporain dans lequel une personne loue une chambre ou un logement privé au sein d’un espace partagé. Ce modèle repose sur des équipements communs et des activités collectives, favorisant un fort sentiment d’appartenance à une communauté.
Né dans les grandes métropoles confrontées à des loyers élevés comme Londres ou Amsterdam, où un T1 peut dépasser 2 200 euros, le coliving se présente comme une alternative à la fois économique et sociale.
Au-delà du coût, il séduit une génération jeune, mobile et connectée, en quête de lien, de valeurs partagées et d’un équilibre entre vie privée et collective. Comme l’explique Youri Dauber, PDG de Cohabs, dans un reportage diffusé par Arte en février 2025 : « Chez nous, ils ont entre 25 et 35 ans, donc ils ont plutôt 27 ans en moyenne et ils viennent de partout. »
Enfin, le coliving s’ouvre de plus en plus à de nouveaux profils. En recréant du lien social et en favorisant la mixité, il inspire des projets intergénérationnels et solidaires : logements partagés entre étudiants et personnes âgées, cohabitations entre jeunes actifs et réfugiés… autant d’initiatives qui témoignent d’un changement profond dans notre manière de penser l’habitat urbain.
Coliving : une alternative économique et sociale
Le coliving offre à chacun un espace privatif : chambre ou studio, complété par des espaces communs partagés tels qu’une terrasse, un jardin ou encore une zone dédiée au télétravail. Entièrement meublés et pensés pour favoriser la convivialité, ces lieux encouragent les échanges, la collaboration et le partage d’expériences.
Dans un contexte de flambée des loyers, notamment à Paris, ce modèle séduit de plus en plus les jeunes actifs. Louer un studio en coliving permettrait, selon les estimations, d’économiser entre 20 et 30 % par rapport à un logement individuel classique.
Par ailleurs, les colivers bénéficient d’une gamme de services proches de ceux proposés en hôtellerie, incluant le linge de maison, le ménage, un logement entièrement meublé, des abonnements streaming, internet, etc. ainsi que l’accès à des équipements comme une salle de sport, une piscine ou un espace de détente.
Enfin, les contrats de location en coliving sont généralement à durée déterminée, avec un préavis réduit. À la différence de la colocation, le bail n’est pas solidaire, ce qui permet à chaque résident de partir librement, sans engager la responsabilité des autres occupants.
Coliving : un mode de vie plus durable et mieux situé
Au-delà de son aspect économique, le coliving s’inscrit de plus en plus dans une logique écoresponsable. De nombreux opérateurs adoptent des pratiques durables, telles que l’utilisation d’énergies renouvelables, la réhabilitation de bâtiments existants ou la mise en place de dispositifs de tri et de recyclage. En optimisant les espaces et les ressources partagées, ce modèle favorise une gestion plus durable de l’habitat urbain.
Par ailleurs, l’implantation stratégique des espaces de coliving, souvent dans des quartiers centraux ou à proximité des pôles d’innovation, limite le recours à la voiture individuelle. Cette localisation permet aux résidents de privilégier les mobilités douces.
Certaines structures vont plus loin en proposant des pistes cyclables à proximité, des parkings à vélos ou encore des réductions collectives sur la location de vélos ou trottinettes électriques.À la croisée de la praticité, de la conscience écologique et de la vie communautaire, le coliving apparaît ainsi comme une alternative résolument tournée vers un mode de vie urbain plus durable.
Le coliving : une menace pour le logement traditionnel ?
Face à cette nouvelle tendance, les pouvoirs publics restent divisés. Une partie d’entre eux redoute que l’essor du coliving contribue à la gentrification de quartiers entiers, à l’instar de certaines plateformes de location saisonnière, accusées d’avoir profondément modifié le tissu urbain et la composition sociale de plusieurs villes, comme le soulignait un reportage d’Arte en février 2025 sur le coliving en Europe.
De plus, plusieurs municipalités envisagent de renforcer leur encadrement, via des réglementations plus strictes ou des dispositifs fiscaux dissuasifs, afin d’éviter une dérive incontrôlée du phénomène.
En France, le coliving fait désormais l’objet d’un débat législatif. En juin, des parlementaires de gauche ont introduit un nouveau texte dans une proposition de loi visant à prolonger l’encadrement des loyers au-delà de 2026, incluant pour la première fois une réglementation spécifique du coliving.
Invité sur France 3, Ian Brossat, sénateur communiste de Paris, a exprimé ses inquiétudes : « On a un certain nombre d’investisseurs qui virent les familles et qui les remplacent par du coliving et donc ils découpent ces logements familiaux en cage à lapin avec des prix qui sont absolument délirant. Il faut encadrer ce phénomène. Je souhaite qu’on puisse encadrer aussi le coliving. »
Le débat reste ouvert : le coliving est-il une réponse innovante à la crise du logement, ou pourrait-il devenir un levier de spéculation immobilière à encadrer ? À moins qu’il ne soit en train de dessiner les contours d’un nouveau modèle résidentiel ?
©Lalatiana Andréa RASAMOELINA : Journaliste – Copywriter
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