Architecture neuro-adaptée : concevoir des espaces qui favorisent le bien-être cérébral

À l’intersection des neurosciences et de l’architecture, un domaine innovant émerge pour répondre aux besoins fondamentaux de l’être humain : la neuroarchitecture. Cette discipline réinvente nos environnements afin d’améliorer notre bien-être, nos émotions et nos capacités cognitives. Comment concevoir des espaces qui favorisent le bien-être cérébral ? Nous vous dévoilons tout sur cette approche afin de vous donner un aperçu de la manière dont nous pouvons créer des lieux qui soutiennent notre santé mentale et notre épanouissement cérébral.

Qu’est-ce que la neuroarchitecture ?
La neuroarchitecture est un domaine d’étude qui combine les principes des neurosciences cognitives avec l’architecture pour améliorer notre interaction avec nos environnements. Elle cherche à comprendre de manière scientifique comment les caractéristiques des bâtiments influencent notre cerveau, nos émotions et nos comportements.

Dans ce champ, architectes et neuroscientifiques collaborent pour concevoir des espaces et des structures en harmonie avec le fonctionnement du cerveau humain. L’objectif est de créer des lieux qui favorisent le bien-être, la productivité, la créativité et la qualité de vie en général.

Les recherches menées par G. Moser (2009) démontrent l’impact direct et significatif des environnements sur nos états psychologiques. Selon ses travaux, l’architecture et l’agencement des espaces influencent profondément nos émotions, nos comportements et nos fonctions cognitives, notamment chez les personnes atteintes de troubles sensoriels, tels que la démence ou les troubles du spectre autistique (TSA). Cette étude souligne l’importance de concevoir des espaces adaptés, capables de réduire le stress et d’améliorer le bien-être des individus.

L’histoire de la neuroarchitecture : l’évolution d’une discipline alliant architecture et neuroscience

Jonas Salk, le médecin américain créateur du vaccin contre la polio, fut l’un des premiers à remarquer que l’architecture influençait les émotions. Dans les années 1950, lors d’un séjour en Italie, il se rendit compte qu’à chaque visite de la basilique de Saint-François d’Assise, construite au XIIIe siècle à Assise, il ressentait un renouveau de créativité et d’inspiration. À son retour aux États-Unis en 1962, Salk fonda le Salk Institute à La Jolla, en Californie, pour la recherche en biologie moléculaire, génétique, neurosciences et biologie végétale.

Pour la conception de cet institut, Salk fit appel à l’architecte Louis Kahn. Il lui demanda de créer un lieu où art et science se rejoindraient, où l’esthétique et la fonctionnalité coexisteraient de manière à inspirer les chercheurs à travailler comme des artistes. Aujourd’hui, le bâtiment du Salk Institute est considéré comme l’un des chefs-d’œuvre les plus emblématiques du XXe siècle. En particulier, la passerelle menant à la plage rappelle la promenade vers l’autel de la basilique d’Assise, une vision que Salk avait imaginée.

Plus tard, le Dr Fred Gage, chercheur en neurosciences et professeur au Salk Institute, s’intéressa aux effets de l’environnement sur le cerveau. Il chercha à comprendre comment celui-ci perçoit, analyse et reconstruit l’espace autour de lui. De cette manière, les neurosciences offrent aux architectes des pistes essentielles pour organiser les espaces. La création de certains environnements stimule des mécanismes cérébraux produisant les hormones responsables de diverses émotions et sensations.

Depuis 2003, l’Academy of Neuroscience for Architecture (ANFA) a repris et approfondi ce concept, en établissant des liens entre neurosciences et architecture pour mieux comprendre comment notre cerveau réagit à l’espace, modifiant nos émotions, notre capacité à apprendre, à nous orienter et à évoluer dans un environnement conçu pour l’homme.

Comment créer des espaces qui soutiennent le bien-être cérébral

La neuroarchitecture étudie divers éléments de l’environnement, tels que la position des fenêtres, les angles des murs, l’agencement des meubles, les couleurs, les textures, les espaces ouverts et les sonorités, pour comprendre comment ils influencent notre bien-être cérébral. Pour intégrer les principes de la neuroarchitecture dans nos habitats, trois éléments essentiels peuvent être mis en avant pour favoriser notre épanouissement mental et émotionnel.

1. Optimiser le son pour prévenir les effets néfastes
Le son joue un rôle majeur dans notre état mental. Si vous doutez de son influence, imaginez rester dans une chambre d’hôpital pour bébés, exposé en permanence aux pleurs. En revanche, les sons naturels comme le bruit de la pluie ou des vagues ont un pouvoir apaisant, nous plongeant immédiatement dans un état de détente. Pour réduire les effets négatifs des bruits indésirables, des solutions simples comme des tapis ou des rideaux épais peuvent être efficaces, car ils absorbent le son et créent une atmosphère plus calme.

2. La lumière, régulatrice de nos rythmes physiologiques et psychologiques
La lumière, en particulier naturelle, a un impact profond sur notre bien-être. Elle régule nos rythmes circadiens, améliore l’humeur, soutient le sommeil et renforce notre système immunitaire. Pour maximiser les bienfaits de la lumière dans nos espaces, il est utile de repositionner les meubles près des fenêtres, afin de capter davantage de lumière. Lors de la construction ou de la rénovation, envisager des baies vitrées ou de grandes fenêtres peut permettre à la lumière de pénétrer plus largement dans votre intérieur.

3. Le choix des matériaux pour une ambiance sereine
Les matériaux naturels, tels que le bois, sont idéaux pour créer une atmosphère de calme et de sérénité dans nos espaces. Que ce soit des meubles en bois, en rotin ou des tapis faits de fibres naturelles comme le raphia, ces éléments contribuent à une ambiance apaisante, tout en renforçant notre connexion avec la nature. Ces choix favorisent non seulement l’esthétique, mais aussi notre bien-être mental en créant un environnement harmonieux.

En prenant en compte ces trois éléments – le son, la lumière et les matériaux – nous pouvons transformer nos espaces en véritables refuges favorisant la détente, la concentration et l’épanouissement cérébral.

Neuroarchitecture | Quand l’architecture influence le cerveau

©Lalatiana Andréa RASAMOELINA : Journaliste – Copywriter

Crédit photo : Canva Pro

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