Eco-construction : des chercheurs sud-africains « cultivent » des briques à base d’urine humaine

Des chercheurs sud-africains travaillent sur un processus de fabrication de briques naturelles, associant du sable et de l’urine humaine. Zoom sur ces nouveaux matériaux de construction, moins néfastes à l’environnement et écologiquement durables.

Le bio-brique, une révolution dans la construction

Des étudiants- ingénieurs, issus de l’Université de la ville du Cap, ont vraisemblablement trouvé l’invention de l’année : la brique écologique façonnée avec de l’urine. Le professeur Dyllon Randall et son équipe sont à l’origine de cette idée.

Pour leur création, ils se sont inspirés de la manière dont le corail se forme naturellement et du processus naturel de fabrication du ciment. La bio-brique est ainsi fabriquée avec un mélange de sable, d’urine et de bactéries. Ces briques innovantes pourraient remplacer les briques faites en béton ou en terre cuite. Les inventeurs ont eu besoin d’une semaine environ pour obtenir un résultat probant.

La confection de ces nouvelles briques provient d’un mécanisme naturel nommé « précipitation microbienne de carbonate ». En fait, le sable est infesté par les bactéries produisant de l’uréase. Le mélange final devient une brique écologique.

A température ambiante, ce microorganisme peut changer l’urée contenue dans l’urine, afin d’obtenir du carbonate de calcium. Ce dernier permet de lier les grains de sable. Fabriquer la brique, en optant pour un processus naturel, offre l’avantage de préserver l’environnement. La phase de cuisson des briques dans des fours chauffés à 1 400 °C étant éliminée, la consommation énergétique et l’émission de CO2 sont considérablement réduites, voire éliminées.

Un processus naturel encore à ses prémisses

30 litres d’urine sont nécessaires pour réussir à concevoir une bio-brique. La matière première provient d’un urinoir spécial exclusivement réservé aux étudiants masculins de l’université.  Les 3 premières briques ainsi fabriquées sont à ce jour exposées. Il s’agit de blocs gris de poids et d’apparence identiques à des briques façonnées habituellement. Le matériau est similaire à du calcaire.

Pour ceux qui s’inquiètent de savoir que des murs sentent l’urine, l’odeur d’ammoniaque occasionnée par l’urine s’évapore en 48h, notamment lorsque les briques sèchent. La résistance de la brique peut être adaptée à chaque construction. Les bio-briques fabriquées en Afrique du Sud sont ainsi les premiers matériaux à faire usage de l’urine de l’homme. Le professeur estime par ailleurs que le processus de fabrication peut encore être amélioré. Il cherche actuellement, avec son équipe, une solution pour réduire le volume d’urine requis pour réaliser une brique.

Quant au procédé de fabrication, il nécessite un moule, une grande quantité d’urine et entre 4 et 6 jours afin d’obtenir un matériau solide. Concernant le risque sanitaire, il serait inexistant. Grâce à un pH très élevé, les pathogènes et les bactéries nocives sont éradiqués.